La méthode EduScrum s’articule autour de 3 grands axes : le Pourquoi ? le Quoi ? et le Comment? La première de ces interrogations nous mène à nous demander Pour quoi faire? ou Pourquoi apprendre ? C’est justement le moteur de l’éducation ! Baser son mode d’apprentissage sur ces réponses suscitera indubitablement de l’intérêt, de l’engagement et de la motivation chez les apprenants. Ils auront ainsi le désir de produire des supports de qualité, leur donnant envie de s’investir toujours plus dans leur formation.
Le Quoi ? fait quant à lui référence à la matière et aux contenus dispensés. Finalement, le Comment? interpelle sur les modalités d’apprentissage et sur les chemins à emprunter pour atteindre le Pourquoi ?
Vous l’aurez compris : ces trois piliers doivent demeurer le fil rouge du formateur EduScrum. Dans un premier temps, celui-ci doit présenter un cadre explicitant le Pourquoi? et le Quoi ? C’est ensuite aux apprenants d’intervenir, pour définir le Comment ? Responsabilisés et devenus maîtres de leur apprentissage, ils ont la charge de planifier et de déterminer les activités qu’ils réaliseront, selon le contexte donné. De cette manière, les graines de la créativité, de l’innovation, de la responsabilisation, de l’autonomie et du travail de groupe pourront germer en eux.
Principes de la méthode EduScrum
Tout comme l’approche Scrum, la méthode EduScrum se base sur trois principes fondamentaux : la transparence, l’inspection et l’adaptation. Les étapes et aspects essentiels du processus doivent être visibles et accessibles à ceux qui sont responsables des résultats, d’où l’intérêt de proposer un mode d’apprentissage fondé sur la transparence ! C’est le meilleur moyen de parler le même langage et d’avancer ensemble, avec une compréhension commune des enjeux et des objectifs visés.
Par ailleurs, si la méthode EduScrum est si efficace, c’est parce que ses utilisateurs inspectent de façon régulière l’état d’avancement du projet. Ils sont ainsi capables de détecter rapidement les écarts indésirables avec les objectifs définis, afin de procéder sans délai aux ajustements et aux adaptations nécessaires en cas de dérive.
La fréquence des inspections, quant à elle, ne doit pas perturber la progression du travail encours.
L’équipe EduScrum
Dans le cadre de la pédagogie EduScrum, une équipe comprend un formateur (qui joue le rôle du Product Owner) et un groupe d’étude auto-organisé et pluridisciplinaire de quatre à cinq apprenants.
L’un d’entre eux est désigné pour endosser le rôle de l’EduScru Master, et l’ensemble du groupe progresse en développant des compétences basées sur l’autonomie, la collaboration, la flexibilité, la créativité, la motivation et la productivité.
Le processus suivi par l’équipe, afin d’atteindre ses objectifs, est itératif et incrémental.
La méthode EduScrum : comment ça marche ?
Le déroulé de la méthodeEduScrum se compose d’une succession de 6 étapes. Cet enchaînement, aussi appelé sprint, ne doit pas s’étaler sur une période excédant deux mois.
La première phase correspond à la formulation du contenu en mode projet. Celui-ci peut aussi bien porter sur un chapitre que sur une série de notions, voire même sur un cas pratique... L’idée est de permettre à l’apprenant de totalement s’approprier le sujet, grâce à une mise en situation professionnelle réelle.Cette étape de formulation du contenu fait appel à l’ensemble des parties prenantes de l’écosystème éducatif. Nous y retrouvons par exemple les formateurs, les apprenants, les membres de l’administration ou encore les parents.
La deuxième étape concerne la constitution des équipes d’étude. Elle ne doit pas être prise à la légère, dans la mesure où chaque membre doit s’appuyer sur ses compétences et qualités pour enrichir le groupe. En équilibrant les sexes et en complémentarisant les aisances de chacun, les meilleurs résultats pourront être obtenus. Par ailleurs, bien que les groupes aient souvent tendance à se former selon les affinités et amitiés entre les membres, cette façon de procéder n’est pas souhaitable.
La phase de composition des équipes commence lorsque le Product Owner nomme les EduScrum Masters. Ceux-ci désigneront ensuite à tour de rôle les membres de leur équipe, en se basant également sur les compétences et qualités de chacun.
Une fois celles-ci constituées, la réunion de planification peut avoir lieu. Lors de cette phase, il s’agit de définir clairement les attentes et de cerner les étapes à valider pour atteindre les objectifs d’apprentissage formulés. À cette fin, le Product Owner présente brièvement la méthode, donne un aperçu du projet et mentionne les objectifs, ainsi que les modalités d’évaluation. Il définit également les contours de l’espace dans lequel se doivent d’évoluer les équipes d’étude, puis expose les critères d’acceptation du projet, sans ambigüité.
Pour leur part, les équipes priorisent et détaillent les objectifs d’apprentissage, en toute autonomie. Elles conçoivent alors chronologiquement les diverses activités et tâches à accomplir. L’idée est de pouvoir, à l’issue de la séance, expliquer auProduct Owner comment elles ont prévu d’atteindre leurs buts.
Après avoir planifié les tâches à accomplir, les séances de travail des équipes d’étude peuvent démarrer. Elles débutent toujours par une réunion de 5 minutes, appelée mêlée ou Standup, visant à faire un point bref. Chaque membre des équipes d’étude répond alors aux questions suivantes :
- Qu’ai-je fait depuis le dernier cours pour permettre à l’équipe d’atteindre ses objectifs ?
- Que vais-je faire pendant ce cours pour permettre à l’équipe d’atteindre ses objectifs ?
- Quels sont les obstacles qui entravent, pour moi ou pour l’équipe, l’atteinte des objectifs ?
La mêlée permet de faire une mise au point rapide sur la progression du projet et d’évaluer dans quelle mesure les jalons sont respectés. En surveillant ainsi l’avancement du travail, la probabilité d’atteindre les objectifs assignés est maximisée. Cette prise de recul permet aussi d’améliorer la qualité du processus, en recadrant les potentielles dérives sans perdre de temps.
L’achèvement des diverses séances de travail aboutit à la cinquième étape, celle de la revue. Elle consiste à présenter les réalisations au Product Owner ainsi qu’aux autres équipes, sous la forme d’un examen de fin de période.
L’objectif est de juger des progrès réalisés par les membres et d’évaluer la qualité du rendu, au regard non seulement des objectifs d’apprentissage mais aussi des critères d’acceptation initialement indiqués. C’est aussi l’occasion de récolter le plus de feedbacks possibles sur les tâches accomplies.
La dernière étape de la méthodeEduScrum permet aux apprenants d’évaluer les méthodes de travail de leur équipe. Chaque membre évalue alors individuellement les compétences et les axes de perfectionnement de tous les partenaires avec lesquels il a travaillé, y compris lui-même, en répondant individuellement et collectivement aux quatre questions suivantes :
- Qu’est ce qui s’est bien passé ?
- Qu’aurait-on pu ou dû faire mieux ?
- Que ne devrions-nous plus jamais faire ?
- Quelle action mettrons-nous en place au cours du prochain projet ?
C’est un moment privilégié pour l’équipe, lui offrant l’opportunité de s’auto-inspecter, de s’auto-évaluer et d’identifier tant les forces que les faiblesses qui lui ontpermis d’atteindre tel ou tel résultat. Par la même occasion, ses membres seront amenés à étayer plusieurs axes d’amélioration fondés sur ces constats.
Flap, un outil fondamental dans le processus EduScrum
Dès l’étape initiale de la planification du projet, et au fil des séances de travail, l’équipe d’étude s’appuie sur des outils visuels pertinents. En effet, que ce soit lors de la priorisation des objectifs d’apprentissage, de leur décomposition en tâches ou au cours de la phase de réalisation, elle renseigne un tableau de suivi nommé Flap.
Chacune des équipes d’étude dispose de sa propre version, affichée au mur et visible par tous. Le Product Owner, les autres groupes ainsi que les intervenants externes, pourront donc l’observer à leur guise. Sur ce support, nous retrouvons les tâches à réaliser ainsi que les limites de temps imparties. Il permet également de tracer le processus d’apprentissage de chaque équipe d’étude, garantissant un suivi actualisé et précis de l’avancement du projet.
Dans la première colonne figurent les objectifs d’apprentissage.
La deuxième colonne, quant à elle, recense les critères d’acceptation correspondant à chaque objectif.
Les tâches sont finalement listées dans la troisième colonne.
Les autres colonnes, qui peuvent être plus ou moins nombreuses, correspondent au travail restant à faire, en cours et achevé.
Cette transparence permanente, inhérente à la méthode EduScrum et emblématique du Flap, est extrêmement puissante auprès des apprenants. Plus ils disposent d’informations, exposées dans un cadre parfaitement délimité, plus ils sont en confiance pour développer leur capacité d’expérimentation !